10 ans du blog des « Amis de Nioxor Tine…Le virtuel dans les luttes

Le Samedi 04 mai, les “ amis de Nioxor Tine ” ont, dans le cadre de la célébration du dixième anniversaire de leur blog, organisé un panel. Après les mots de bienvenue et l’introduction du Dr Dialo DIOP, président de séance, il revenait, au Dr Mohamed Lamine LY, de présenter son blog né le 09 mai 2009. Il a retracé, de manière descriptive, différents articles publiés dans le blog depuis dix ans. La journaliste Lika SIDIBÉ a, elle, procédé, à une analyse du contenu politique du blog en saluant les points forts, mais en soulignant aussi quelques points faibles. Dr Cheikh Atab BADJI s’est appesanti sur les questions sanitaires traitées dans le blog.

Concernant les aspects politiques, il a été mis en exergue la régularité des contributions de Nioxor Tine sur les faits saillants de l’actualité nationale, hormis lors de la phase de démarrage du blog, vers 2009.

Le blog, qui ambitionnait de devenir une sentinelle de la Démocratie et de l’État de droit, est né d’une désillusion de son initiateur sur la gestion de la première alternance au Sénégal, 9 ans après sa survenue, mais aussi de la volonté d’accompagner les Assises Nationales.

L’animateur principal du blog était convaincu de la pertinence d’une telle rencontre, qu’il avait qualifiée, à l’époque de « ndëpp »national. Les conclusions de cet important forum devaient constituer, selon le blogueur, le socle de toute gouvernance démocratique. À partir de là, les problématiques ayant trait à l’équilibre institutionnel, à la séparation des pouvoirs, à la bonne gouvernance, à l’émergence citoyenne et à la promotion de la démocratie participative reviennent, sans cesse, comme des ritournelles. Chaque acte posé par les gouvernements successifs de Me Abdoulaye Wade et du président Macky Sall a été analysé sous ce prisme.

Ce fut le cas des élections locales de 2009, à l’issue desquelles, l’Opposition politique, dans le sillage des Assises Nationales, remportera plusieurs grandes villes et infligera une défaite politique cinglante à la Coalition Sopi, qui augurait d’une fin de règne proche.

Puis survint la crise du 23 juin dans un contexte de gestion familiale, qui vit la nomination de Karim Wade comme super-ministre avec des prérogatives surdimensionnées. Elle sera déclenchée par le projet de Loi Constitutionnelle, instituant le ticket de l’élection simultanée, au suffrage universel du Président et du Vice-Président de la République, perçu comme une volonté de dévolution monarchique du pouvoir.

Plus tard, en 2012, après une période électorale agitée, émaillée d’une dizaine de morts, Macky Sall accéda au pouvoir, coiffant au poteau, les dinosaures de Benno Siggil Senegaal, qui n’avaient pu s’accorder sur une candidature unitaire.

Le blog manifesta son insatisfaction par rapport aux premières élections législatives de l’ère Macky, tenues le 1er juillet 2012, marquées par un fort taux d’abstention et qui avaient été organisées sur la base du même mode de scrutin majoritaire inique, qui avait toujours favorisé les coalitions au pouvoir.

Le blog se prononça, aussi, de manière critique sur l’acte 3 de la décentralisation, dont l’évaluation maintes fois annoncée, a toujours été différée et qui n’a toujours pas réussi à conférer de véritables pouvoirs aux collectivités territoriales .

Le scrutin local du 29 juin 2014 s’était tenu dans une confusion extrême, du fait d’un manque de structuration et de discipline organisationnelle aussi bien au sein du parti présidentiel, que dans la Coalition Benno Bokk Yakaar, ce qui est à l’origine d’une multiplicité de listes de candidatures sans véritable contenu programmatique.

L’Assemblée nationale a également attiré l’attention de Nioxor Tine, qui a déploré les manœuvres anti-démocratiques de Benno Bokk Yakaar, pour s’y assurer une totale hégémonie, sur fond de tripatouillages du règlement intérieur.

Après le référendum-alibi, qui avait fini de tourner le dos aux recommandations de la CNRI et d’entériner le reniement sur la réduction du mandat présidentiel, Macky Sall allait faire montre d’une farouche volonté d’écraser toute forme de résistance à l’institutionnalisation de la mal-gouvernance. Cela allait commencer par le limogeage de la présidente de l’OFNAC et la radiation d’Ousmane Sonko, leader du PASTEF.

Il y aura, ensuite, l’inculpation de certains militants socialistes jugés “mal-pensants”, suite aux incidents du 05 mars 2016 à la maison du Parti socialiste et la réouverture du dossier de Ndiaga Diouf, en Janvier 2017. Deux mois après, ce sera au tour du maire de Dakar de tomber dans les mailles du filet de l’appareil d’État instrumentalisé.

Les législatives du 30 juillet 2017, malgré leur organisation calamiteuse, avec la distribution sélective des cartes électorales, consacrèrent la perte du vote populaire par la méga-coalition présidentielle et constituèrent un test grandeur nature du grand hold-up des élections présidentielles du 24 février 2019.

Il se confirmait, de plus en plus, que la compétition politique, à la loyale avec des règles consensuelles et préétablies allait céder le pas à un vaste complot contre la Démocratie et la République, dont l’exemple le plus achevé allait être cette fameuse loi sur le parrainage citoyen.

Cela allait laisser la voie libre au président Sall, pour dérouler son scénario vers le “coup KO”, en profitant de l’affaiblissement de l’Opposition, qui ne réussissait décidément pas à se regrouper autour d’une feuille de route crédible.

Après son auto-reconduction au pouvoir en février, le régime du Benno Bokk Yakaar allait montrer sa face hideuse anti-pauvres et anti-travailleurs et s’engager dans une réforme constitutionnelle, qui semble devoir consacrer, la mutation d’une des démocraties africaines les plus avancées en une autocratie électorale. En outre, les principaux leviers du pouvoir sont désormais entre les mains de proches du président, ce qui donne lieu à des rumeurs persistantes de clanisme et d’ethnicisme, qu’il est difficile de réfuter.

Oui, assurément, le Sénégal est méconnaissable et s’enlise progressivement dans un formalisme légal aux antipodes d’une véritable légitimité populaire.

Si la Coalition Benno Bokk Yakaar et son chef sont entièrement coupables de l’état désastreux, dans lequel se trouve notre démocratie, l’Opposition et la société civile portent aussi une part de responsabilité. Les bloggeurs et autres militants du virtuel essaient, de manière isolée, d’apporter leur touche dans la lutte pour un Sénégal meilleur.

La célébration du dixième anniversaire a été l’occasion de reconnaître un certain nombre de faits :

le caractère souvent individuel du travail sur Internet, qui doit devenir une construction collective,
l’insuffisance de l’articulation du travail virtuel dans les blogs et réseaux sociaux avec l’accompagnement et l’encadrement des luttes populaires,
la sous-estimation des droits économiques et sociaux due à un électoralisme effréné de l’élite politique et au cloisonnement des luttes syndicales ayant souvent une nature corporatiste, avec comme conséquence,
le fossé grandissant entre les élites et les masses fondamentales, sur lequel le pouvoir populiste de Macky veut jouer.
Pour ce qui est des aspects sanitaires du blog, il a été souligné le primat des déterminants sociaux, surtout ceux socio-économiques, dans le cadre d’une approche holistique de la Santé. Il s’agira, dans cette optique, de privilégier l’approche préventive et de renforcer le système sanitaire, surtout dans le combat contre le fardeau croissant des maladies non transmissibles.

Le blog s’est également évertué à réfléchir sur les grandes questions qui agitent le secteur, notamment la couverture sanitaire universelle, l’hôpital public, la politique du médicament, la médecine traditionnelle…etc.

Concernant les perspectives, il est retenu de renforcer le blog en tant que plateforme de défense de la souveraineté nationale, de la refondation institutionnelle et la responsabilisation citoyenne, de l’élargir davantage aux bonnes volontés et de mieux structurer le groupe des amis de Nioxor Tine.

NIOXOR TINE

amis

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