Bombardier : » Ça va être difficile de descendre dans l’arène sans Pape Dia »

Son confinement en France, son avenir dans l’arène sénégalaise, la vie sans son frère et manager, Pape Dia, ses perspectives en MMA, Serigne Dia alias Bombardier dit tout. Sans équivoque .

Il semble que vous allez partir à la retraite à la fin de cette saison. N’est-ce pas dommage pour vous de ne pas pouvoir terminer sur une bonne note ?

J’ai été surpris de voir dans la presse que j’ai atteint la limite d’âge, 45 ans. Je ne sais pas où est-ce que les gens sont allés chercher mon acte de naissance pour affirmer que je suis né en 1975. Je n’aurai pas 45 ans en octobre prochain. Même si cette saison en cours est hypothéquée, il me reste bien une saison encore. J’aurai mes 45 ans en octobre 2021 et j’espère bien avoir un combat pour boucler ma carrière en lutte avec frappe sur une bonne note. Je n’ai plus rien à prouver dans la lutte sénégalaise, mais j’ai quand même envie de terminer en beauté, comme on dit.

Les possibilités sont ouvertes. Aujourd’hui je peux affronter les espoirs, comme je peux affronter les ténors avec qui j’ai des revanches à prendre ou à accorder. Après on sait tous que dans notre milieu, si vous ciblez un adversaire, ce dernier fera tout pour éviter le duel, parce qu’il se dira que vous l’avez déjà préparé avant de le réclamer. Je ne fais pas de calculs, je veux juste un combat pour terminer ma carrière en beauté.

Vous êtes actuellement en France où vous avez été bloqué par le Covid-19. Comment vivez-vous cette situation, hors de votre pays ?

Après ma victoire sur Daniel Podmore en MMA le 29 février dernier en Angleterre, je suis venu à Paris passer quelques jours avec ma deuxième femme, avant de rentrer au Sénégal. Trois jours avant la date de mon retour, les frontières ont été fermées. Depuis, je suis à Paris. Le confinement se passe bien. Je suis là, en famille, j’ai une autorisation pour faire mon footing d’une heure tous les jours, juste courir, parce que les salles de musculation sont fermées. C’est un peu stressant, parce qu’on ne peut pas faire beaucoup d’activités, mais, je le vis bien.

Au moment où il vous reste une saison dans la lutte avec frappe, vous entamez une nouvelle aventure en MMA (arts martiaux mixtes) ; avec votre victoire sur Daniel Podmore…

Je remercie Moustapha Guèye, qui a récemment fait une sortie pour dire que le Cng de lutte s’est trompé en fixant la limite d’âge à 45 ans. Tapha Guèye a pris mon exemple en disant que je vais terminer ma carrière dans la lutte sénégalaise et en même temps, je commence une autre en MMA, une discipline plus difficile que la lutte sénégalaise. Ça pousse à réfléchir. Ma victoire sur Podmore représente un nouveau départ pour moi. J’avais déjà commencé dans le MMA par une victoire sur mon compatriote Rocky Balboa, que je respecte beaucoup, mais Podmore est d’un autre niveau. Battre un adversaire de son calibre, plus expérimenté que moi dans le MMA, représente beaucoup. Cette victoire m’a même ouvert beaucoup de portes. Malheureusement, la pandémie du Covid-19 a mis tout à l’arrêt. J’avais des propositions de combat contre Bop Sapp (catcher américain), le Roumain Alexandru Lungu (kickboxeur, judoka et professionnel du MMA) et un Polonais. Pour le moment, c’est l’amour et les défis à relever qui priment sur le côté financier. Car je sais que si j’atteins le haut niveau, je vais toucher un gros cachet. L’autre challenge est de montrer que l’âge ne doit pas être un blocage pour la pratique d’un sport de combat. Pour moi, tant que l’athlète sent qu’il peut continuer, on doit le laisser continuer. Beaucoup de Sénégalais pensent que je suis un novice dans le MMA. J’ai fait mon premier combat MMA, il y a deux ans, face à Rocky Balboa, mais ça fait 8 ans que je suis dans la pratique. Je ne m’y suis pas lancé aveuglément. Je me suis bien préparé.

«J’ai mal pour mon pays»

Votre combat contre Daniel Podmore, vous l’avez fait sans votre frère et manager, Pape Dia (décédé) qui a toujours été votre bouclier ?

Il m’a beaucoup manqué. Mon combat contre Daniel Podmore était mon premier après le rappel à Dieu de Pape Dia (il est décédé le 17 novembre). Avant d’entrer dans la cage, j’avais promis aux accompagnateurs de ne plus pleurer pour Pape Dia. Mais après ma victoire, au moment où on me remettait la ceinture, je n’ai pas pu m’empêcher d’être triste. J’ai pensé à Pape Dia, j’ai failli pleurer. Mais je me suis retenu. Un des responsables me disait : «tu dois gagner ce combat pour donner un signal fort dans le monde du MMA, mais aussi pour la mémoire de ton frère». Voilà pourquoi j’étais trop triste, mais je ne pouvais pas le manifester. Vous savez en MMA, on interdit de brandir des tee-shirt à l’effigie de quelqu’un, sinon j’allais exhiber sa photo. Je me suis juste contenté d’écrire sur un drapeau «Hommage à Pape Dia».

Que va être votre vie sans Pape Dia ?

Difficile ! En plus d’être toujours à côté de moi lors de mes combats de lutte, c’est mon grand frère. Ça ne sera pas facile de le remplacer. Après, il faut s’en remettre à Dieu. Ça va être difficile de descendre dans l’arène sans Pape Dia, mais il faut faire avec. On est des croyants.

On vous a vu lancer des messages sur les réseaux sociaux pour sensibiliser sur le Coronavirus…

Ça me tenait à cœur. Au Sénégal, on semble jouer avec ce virus. Quand je vois des gens faire des vidéos pour plaisanter sur le Corona, je me dis qu’ils n’ont rien compris. Quand je vois les jeunes vouloir défier les forces de l’ordre, juste pour s’amuser, je me dis qu’ils ne sont pas conscients du danger. Quand je vois comment ce virus fait mal en Europe, plus développée que nous, j’ai mal pour mon pays. Il faut que les Sénégalais arrêtent de jouer avec ce virus. Si on ne respecte pas les mesures et que la situation dégénère, on va s’en mordre les doigts.

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