Comment le FC Barcelone maquille ses comptes avec les échanges de joueurs

L’opération Arthur-Pjanic a surpris du monde. Mais si on s’y penche de plus près, elle prend rapidement sens, du moins si on place du point de vue de la direction catalane…
Le FC Barcelone avait besoin d’argent. De beaucoup d’argent. Pour ne pas terminer cet exercice financier dans le rouge, les Catalans devaient faire entrer une somme environnant les 70 millions d’euros dans leurs comptes. Et forcément, avec la crise du coronavirus, difficile de se séparer des joueurs indésirables, pour lesquels ça ne se bouscule pas franchement au portillon. Si Josep Maria Bartomeu souhaitait notamment se séparer de Jean-Clair Todibo, de Philippe Coutinho ou d’Ivan Rakitic pour obtenir ce chèque tant désiré – et nécessaire surtout – l’état-major catalan a dû trouver d’autres solutions. D’où cet échange entre Arthur et Miralem Pjanic. Sportivement, il semble en tout cas difficilement justifiable. Certes, Arthur Melo n’a pas été au niveau escompté cette saison, mais le Brésilien a prouvé avoir ce fameux “ADN Barça”, si important pour les milieux de terrains rejoignant l’équipe. Dans le même temps, Miralem Pjanic était clairement en perte de vitesse à Turin ces derniers mois.

Mais surtout, le départ d’un joueur de 23 ans pour l’arrivée d’un joueur qui entame la trentaine est particulièrement mal vue, à l’heure où l’équipe compte de plus en plus de trentenaires et semble avoir besoin de sang neuf. Quoi qu’il en soit, cet échange n’a de toute manière jamais vraiment eu des motivations sportives, puisqu’il a, avant tout, servi à rééquilibrer les comptes. La vente d’Arthur à la Juventus – pour 82 millions d’euros bonus compris – permet à l’équipe de Liga de boucler son budget et de terminer l’exercice financier dans le vert. L’achat de Miralem Pjanic pour 70 millions d’euros sera réalisé à partir du premier juillet, et comptera donc pour la période 2020/2021. Un petit cadeau d’adieu pour la prochaine direction, qui prendra les commandes du club à l’été 2021, puisqu’au final, le problème est uniquement reporté d’un an. D’autant plus que le salaire du Bosnien sera bien supérieur à celui du Brésilien. D’ici là, les Catalans peuvent cependant espérer vendre plus de joueurs ou compter sur différentes primes liées à leurs résultats sportifs.

Le Barça n’en est pas à son coup d’essai
Quoi qu’il en soit, une telle opération n’est pas considérée illégale, ni du point de vue du fair-play financier de l’UEFA ni de celui du contrôle financier de la Liga. Les entreprises, ici les clubs de foot, ont effectivement une liberté totale pour fixer la valeur qu’ils souhaitent à leur marchandise, en l’occurrence les joueurs. Ce qui peut d’ailleurs sembler un peu paradoxal, puisque l’UEFA fait très attention aux contrats de sponsoring surévalués. En revanche, elle soulève de nombreuses questions éthiques, encore plus dans le contexte barcelonais, club où les socios sont supposés avoir un pouvoir pour le moins important. On peut aussi se demander comment le club avec le plus gros chiffres d’affaire (1,047 milliard d’euros) de la planète se retrouve en panique, à devoir employer de telles méthodes, pour conserver un semblant de bilan financier correct.

Grâce à cette opération, Josep Maria Bartomeu pourra, lors de la prochaine assemblée extraordinaire devant les socios, présenter des comptes bénéficiaires, ou du moins, non déficitaires. Une pratique qu’on avait déjà pu voir l’an dernier, avec Valence comme complice cette fois. Jasper Cillessen avait ainsi filé direction Valence pour 35 millions d’euros à la toute fin du mois de juin, alors que Neto avait fait le chemin inverse. Des opérations également assez curieuses ont eu lieu ces derniers mois, à l’image de cet échange entre Alejandro Marqués, vendu à la Juventus pour 8,2M€, alors que le Barça a récupéré Matheus Pereira en échange pour 200.000€ sous forme de prêt. Les Catalans ont cependant l’obligation d’acheter le Brésilien pour 8 millions d’euros dans les prochains jours… Autant dire que sur la cote catalane, cette nouvelle manœuvre fait beaucoup parler. « Cet échange met à nu la réalité : l’état du club est très préoccupant. Une situation économique précaire et un bordel au niveau du projet sportif. Les intérêts de ceux qui gouvernent l’institution sont mis devant ceux du club. Il n’y a pas de projet sportif », a notamment lancé Victor Font, candidat pour les prochaines élections présidentielles du club. Décidément, après l’affaire des messages de propagande et d’insulte sur les réseaux sociaux, la direction de Josep Maria Bartomeu a encore fait des siennes…

vous pourriez aussi aimer
Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.