Coronavirus: l’Afrique face à la pandémie le jeudi 18 juin

L’Afrique comptait ce jeudi 18 juin 268 391 cas confirmés de coronavirus. Le Covid-19 a déjà coûté la vie à 7 217 personnes sur le continent, selon le Centre africain de prévention et de contrôle des maladies. Les pays les plus touchés par la pandémie sont l’Afrique du Sud (80 412 cas), l’Égypte (49 219), le Nigeria (17 735), le Ghana (12 590), l’Algérie (11 268), le Cameroun (10 140) et le Maroc (9 042).

• Réouverture partielle des écoles sénégalaises le 25 juin

Il s’agit donc d’une nouvelle date alors qu’un premier calendrier prévoyait le 2 juin mais avait dû être décalé à la dernière minute après des cas confirmés de Covid-19 au sein du corps enseignant. Selon un communiqué du Conseil des ministres, mercredi, l’annonce concerne les élèves en classes d’examen (CM2, 3ème, Terminale). Le président Macky Sall avait annoncé la fermeture de tous les établissements scolaires le 14 mars dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus. Le pays compte 5 475 cas confirmés pour 76 morts et 3 716 guérisons.

• L’Afrique du Sud continue d’alléger progressivement son confinement

Le président Cyril Ramaphosa a annoncé mercredi soir la réouverture prochaine des restaurants, coiffeurs, cinémas et centres de conférences. Au total, un demi million d’emplois sont concernés.

La date précise de réouverture sera annoncée en temps utile, selon le chef de l’État sud-africain. Lors de son discours télévisé, M. Ramaphosa a également condamné une autre « épidémie » : les violences contre les femmes, après le meurtre il y a quelques jours d’une jeune femme de 28 ans, enceinte, dont le corps a été retrouvée suspendu à un arbre.

Le gouvernement a également annoncé qu’il entendait généraliser l’usage de la dexaméthasone dont les résultats d’un essai clinique – non encore publié – indique qu’il pourrait réduire d’un tiers la mortalité des cas les plus sévères de Covid-19.

L’Afrique du Sud compte 80 412 cas confirmés pour 1 674 décès et 44 331 guérisons. La province du Cap occidental est la plus touchée du pays. La ville du Cap, la capitale provinciale, anticipe un pic de contaminations autour de fin juin ou début juillet. La grande cité de l’Ouest du pays pourrait avoir vu ses premières transmissions locales, au sein des communautés, plus tôt qu’on ne l’imaginait. C’est ce qu’a expliqué ce jeudi le docteur Keith Cloete, responsable provincial de la santé et cela pourrait donc expliquer, selon lui, pourquoi la zone et le pays en général sont les plus touchés du continent. Les premières mesures de test, en mars, en ciblaient en effet que les personnes ayant des antécédents de voyage, laissant ainsi de côté d’éventuelles transmissions communautaires et locales.

• Soudan : le confinement de la région de Khartoum prolongé

La mesure restera en vigueur au moins jusqu’au 29 juin dans la région la plus peuplée du pays. Le couvre-feu est maintenu, de 15 heures à 6 heures du matin. À compter de ce dimanche, les Soudanais de l’étranger vont en revanche pouvoir rentrer par les airs ou la terre. Il devront avoir un certificat prouvant qu’ils ne sont pas porteurs du virus responsable du Covid-19 ou bien passer par des centres de quarantaine où ils seront testés. Le Soudan compte 8 020 personnes testées positives au virus dont 487 qui en sont décédées et 2 966 qui en ont guéri.

• Course au vaccin : l’Afrique ne veut pas être laissée derrière

Le Centre africain de prévention et de contrôle des maladies de l’Union africaine va organiser une conférence de haut-niveau sur le sujet la semaine prochaine. Le patron du Africa CDC l’a annoncé ce jeudi lors de sa conférence de presse hebdomadaire depuis le siège de l’institution à Addis-Abeba, en Éthiopie. Selon le docteur John Nkengasong, le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) l’Éthiopien Tedros Adhanom sera de la partie. Le thème principal sera « comment pouvons-nous fabriquer un vaccin par nos propres moyens ». Selon le Dr Nkengasong, l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Sénégal possède cette capacité manufacturière.

Par ailleurs, le président chinois affirme que son pays est prêt à donner priorité à l’Afrique pour l’accès à un éventuel futur vaccin anti-Covid. Xi Jinping en a fait l’annonce durant le sommet virtuel Afrique-Chine qui s’est déroulé mercredi. Pékin qui va également exempter certains pays du continent de leur dette sur les prêts à taux zéro remboursables d’ici la fin de l’année.

• Les personnels hospitaliers tunisiens en grève

Plusieurs milliers de soignants ont entamé jeudi une grève générale en Tunisie et manifesté dans la capitale, pour réclamer une amélioration de la gestion de l’hôpital public et une loi encadrant leur statut après la pandémie de Covid-19. Infirmiers et techniciens travaillant dans les hôpitaux publics se sont rassemblés devant le ministère de la Santé, brandissant des banderoles où l’on pouvait lire « la santé publique est une richesse nationale » ou encore « les professionnels ne reculeront pas ».

Les manifestants, font valoir qu’ils se sont investis dans la lutte contre le nouveau coronavirus, et ont continué à travailler pendant le confinement contrairement aux autres fonctionnaires. Ils exigent une loi spécifique pour encadrer leur statut. « Durant la crise du Covid, il y a eu deux ou trois secteurs qui n’ont pas cessé le travail et qui ont assumé leurs responsabilités pour le pays », souligne Othmane Jallouli, responsable syndical de la fédération générale de la santé. « Mais comme d’habitude, nous (les soignants) sommes en première ligne pour la guerre et les derniers pour les remerciements. » Les soignants en contact avec des malades Covid ont vécu hors de leur domicile, effectuant des quarantaines de 7 à 14 jours avant de pouvoir retrouver leurs proches.

Les dispositions actuelles, communes à tous les fonctionnaires, ne permettent pas d’organiser le travail d’une façon spécifique dans la santé, ni de rémunérer certaines heures supplémentaires, déplorent les manifestants.Si les médecins sont très bien formés, les hôpitaux publics tunisiens pâtissent d’un manque de moyens et de défaillances de gestion, alors que l’État a soutenu le développement d’un lucratif secteur privé.

La Tunisie a levé cette semaine la plupart des restrictions mises en place dès le début mars, et le pays est parvenu à juguler l’épidémie qui a fait 50 morts et n’a pas entraîné d’afflux massif dans les hôpitaux. Actuellement, aucun malade du Covid-19 n’est hospitalisé dans le pays. Quelques cas sont identifiés chaque jour, pour la plupart des personnes rapatriées via des centres de quarantaine. Le pays compte ce jeudi soir 1 132 cas confirmés pour 50 décès et 1 006 guérisons.

• En Égypte, Amnesty International dénonce le « harcèlement » contre les soignants

L’organisation de défense des droits humains appelle les autorités égyptiennes à mettre fin à leur « campagne de harcèlement » à l’encontre du personnel médical, dont plusieurs membres ont été arrêtés pour avoir critiqué la gestion par le gouvernement de la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus. Sous-équipés et peu préparés, les soignants représentent 11% des contaminations en Égypte, selon l’OMS.

Depuis mars, huit soignants ont été « arrêtés arbitrairement par l’Agence nationale de la sécurité », principal organe de sécurité d’Égypte, après avoir émis des opinions critiques du gouvernement sur les réseaux sociaux, affirme Amnesty dans un communiqué. Certains soignants racontent avoir subi des menaces de la part des services de sécurité, ainsi que de la part de leur hiérarchie. Le 14 juin, le syndicat des médecins égyptiens avait demandé au parquet de libérer cinq de ses membres arrêtés pour avoir critiqué le gouvernement, et qui ont été accusés « d’appartenir à un groupe terroriste » et de porter « atteinte à la sécurité de l’État ». L’Égypte compte 49 219 cas pour 1 850 morts et 13 141 guérisons.

• En Mauritanie, les enseignants du privé alertent sur leur situation

Les écoles sont fermées depuis le 10 mars, dans le cadre des mesures pour lutter contre le coronavirus. Le Syndicat des enseignants du secteur privé affirme que ces derniers n’ont touché aucun salaire depuis le mois de février. Ils gagnent habituellement 150 000 ouguiyas par mois, soit l’équivalent de 350 euros.

La vie au quotidien est devenue difficile, explique Moustapha Mohamed Diop, coordonnateur national du syndicat : « Nous avons des loyers à payer, des factures à payer d’eau et d’électricité. On n’a même plus de quoi acheter les vivres. Actuellement, il y a des collègues qui sont dans la rue. Pourquoi ? parce qu’ils n’ont plus de quoi payer leur loyer. Et les bailleurs, que font-ils ? Ils les font sortir de la maison. »

Pourtant, selon lui, le gouvernement a demandé à toutes les entreprises privées de continuer à payer leurs personnels, y compris les écoles privées. Le secrétaire général du Syndicat national des promoteurs de l’enseignement privé en Mauritanie, Moctar Aress, explique à RFI que les écoles privées en Mauritanie n’ont pas eu de subvention de l’État contrairement aux pays de la sous-région. Selon lui, les établissements privé fonctionnent grâce au versement des frais de scolarité. Sauf que les parents d’élèves ont suspendu ces versements depuis l’arrêt des cours au mois de mars. Cela explique pourquoi les enseignants et le reste du personnel n’ont pas été payés, précise le secrétaire général.

Le pays compte ce jeudi soir 2 057 cas de Covid-19. La maladie a provoqué 93 décès tandis que 373 personnes en ont guéri.

• « Récession plus sévère » qu’attendue en République démocratique du Congo

Le comité de politique monétaire du pays d’Afrique Centrale a rendu sa copie. Il prévoit cette année une baisse de 2,4 % du PIB contre 1,9% anticipé initialement. Le taux d’inflation devrait atteindre plus de 15% d’ici la fin de l’année. Après l’intervention en avril du Fonds monétaire international (FMI), qui a fourni une aide de plus de 363 millions de dollars américains, l’État congolais affichait un solde créditeur de 63 millions de dollars à la fin du mois d’avril alors qu’il ne lui restait plus que l’équivalent en devises de 3 semaines d’importation de biens et services.

• Congo-Brazzaville: l’État tente de rassurer les entreprises frappées par la crise sanitaire

Après presque deux mois de confinement total dû au coronavirus, les entreprises congolaises vivent des jours difficiles. Elles espèrent pouvoir compter sur l’État qui offre aux banques une garantie portant sur 25 milliards de francs CFA de prêts aux entreprises. Mais la marge de manœuvre de Brazzaville est très réduite en raison d’une crise budgétaire profonde depuis plusieurs années. Le gouvernement réfute tout problème de liquidités dans les banques locales mais appelle les entreprises à payer leurs impôts sans contrainte.

• À Madagascar, Andry Rajoelina au chevet du secteur privé

Le président de la République a reçu, mercredi, au palais d’État d’Iavoloha, les représentants du secteur privé. Les entreprises et industries de la Grande Île réclament depuis plusieurs semaines un plan de soutien pour leur permettre de faire face à la crise économique engendrée par la pandémie de Covid-19. La réunion, très attendue, a duré près de cinq heures. Résultat : des discussions et des débats mais encore peu de mesures concrètes à en croire les représentants des entreprises.

« Nous sommes au stade de discussions mais on a senti dans le discours du président et du Premier ministre un signal fort pour le soutien au secteur privé et plus particulièrement au tourisme », affirme Patrice Raoull, président de la Confédération du tourisme de Madagascar. Il évoque quelques idées-force : faciliter l’accès à des lignes de crédit à des taux bonifiés qui concernera tous les secteurs, allègement ou du report de certaines échéances pour les cotisations sociales, autant d’éléments « qui vont nous permettre d’être plus motivés pour se préparer à la relance du secteur ». Le tourisme représente 44 000 emplois directs et 300 000 indirects. Il est aussi un des trois premiers pourvoyeur de devises étrangères pour Madagascar.

Thierry Rajaona, le président du Groupement des entreprises de Madagascar a aussi senti un gouvernement à l’écoute mais évoque un « certain décalage entre ce que les entreprises ont proposé et ce que les autorités ont présenté ». Si ces dernières ont insisté sur la relance à long terme, un soutien immédiat en cette période de crise est aussi impératif, explique-t-il : « ce sont plutôt des grands axes qui ont été annoncés et les détails restent à préciser. C’est inquiétant dans la mesure où cela fait trois mois que nous sommes en crise. »

Dimanche, lors de son intervention à la télévision nationale, Andry Rajoelina avait annoncé le déblocage d’un fonds de 40 millions de dollars au niveau de la Banque centrale pour permettre aux petites et moyennes entreprises de faire des prêts à faible taux d’intérêt. Pendant cette rencontre, la présidence a aussi réitéré le lancement d’un « Plan Marshall » de 1 043 milliards d’ariary (270 millions de dollars) inscrit dans la loi de finances rectificatives et qui sera allouée à des travaux de construction et d’infrastructures. Les discussions doivent se poursuivre dans les prochains jours, notamment avec les petites et moyennes entreprises et les très petites entreprises qui n’ont pas encore été reçues.

• La Zambie perd un tiers de ses revenus miniers à cause du Covid-19

L’industrie, première pourvoyeuse de devises du pays, a rapporté 60 à 65 millions de dollars de février à avril contre 90 millions espérés. La Zambie est le deuxième pays producteur de cuivre du continent. Cette situation difficile pour le secteur pourrait durer un an selon la Chambre des mines zambienne. Le secteur fait en plus face à une baisse des cours mondiaux du cuivre et à une augmentation des coûts, suite aux mesures de protection anti-coronavirus.

La société minière Glencore a annoncé dès avril la mise en sommeil de ses deux sites zambiens de production de cuivre. Il a repris ses activités en mai mais confirmé son intention d’y mettre un terme définitif à la fin juillet pour cause de baisse des cours et de crise sanitaire. Selon le Syndicat des mineurs de Zambie, la décision du géant suisse menace 11 000 emplois dans le pays.

• Virus en Afrique : des « guéris » en guerre contre le déni et la stigmatisation

Influents ou anonymes, des malades ayant guéri du Covid-19 en Afrique commencent après leur traitement un autre combat, contre le déni de la maladie, la stigmatisation des malades, l’ignorance et le manque de moyens.

À Kinshasa, où les habitants défient les équipes de prévention au cri de « corona eza te ! » (il n’y a pas de corona, en lingala) le caricaturiste Thembo Kash se présente comme « une expérience vivante » et la preuve irréfutable que « la maladie existe. Et je demanderai aux gens qui ont encore des doutes de faire très attention, car je peux confirmer que j’ai souffert ».

« Il y a de la stigmatisation, confirme de son côté un autre malade guéri, le journaliste Dieunit Kanyinda. Mes enfants dans le quartier ont été surnommés ” Covid ” on les a appelés ” corona “. Ça, c’est un comportement qui pousse les gens à se cacher ». Il milite contre cette tendance dans ses programmes.

Au Sénégal, l’humoriste Samba Sine, alias « Kouthia », compte aussi consacrer « une quinzaine d’émissions » à la sensibilisation de la population lors de son retour à la télévision, prévu dans deux mois. L’humoriste de 49 ans a passé 20 jours en réanimation. Protégé sans doute par sa notoriété, il n’a pas souffert de discrimination. « Les gens me lancent des prières de bon rétablissement », dit-il, mais « les gens partaient en courant » devant certains membres de son équipe, également contaminés.

En Afrique du Sud, pays africain le plus touché par la maladie, des malades guéris se sont lancés dans le partage d’expériences. « Nous avons des sessions hebdomadaires depuis la maison sur (l’application de visioconférence) Teams pour parler à nos collègues de la maladie et répondre aux questions », explique Christine, une analyste de 28 ans. Tandis que Megan, 35 ans, originaire du Cap, a lancé en mars sur les réseaux sociaux le compte « LivingCoronaPositive », sorte de « Guide du malade du Covid-19 ».

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