Coumba Gawlo nous racontre l’histoire de ses trois filles: «Leur mère avait émis le vœu que ce soit moi qui garde ses enfants »

On connaissait sa force, sa hargne… Aujourd’hui, on la découvre sous un nouveau jour, avec ses fragilités et une candeur touchante. Sous le masque de la femme leader, il y a la Coumba Gawlo, d’une sensibilité à fleur de peau. La preuve par cet entretien à bâtons rompus où elle raconte pour la première, son histoire d’amour avec ses filles adoptives, ses derniers instants avec son défunt père, entre autres…

Sur un registre plus personnel, il y a deux ans votre père était arraché à votre affection. Etes-vous parvenue à faire le deuil ?
On ne fait jamais le deuil d’une personne aussi proche. Un père est un être cher. Mon père a beaucoup compté dans mon existence. Il m’a tout appris. Il m’a forgée. Il était comme un militaire, je devais sans cesse travailler, sans me lamenter. Même dans le choix de mes tenues et coiffures, il ne me laissait pas de répit. Dans ma relation avec les gens, dans mon comportement en tant qu’enfant, dans ma manière de m’assoir. Mes parents étaient impliqués dans tout mon univers et mon père plus encore. Il me conduisait au salon de coiffure et choisissais lui-même mes tresses. J’étais en quelque sorte son égérie, sa muse, son espoir. J’étais celle qui devait travailler pour sortir aider les miens. Je ne pourrais jamais faire son deuil.

Parfois, j’ai des flashs et je me dis que si je savais, j’allais en profiter plus. Les valeurs que mes parents m’ont léguées me donnent une force et me permettent de résister à toutes tentations, de supporter et d’avancer. Quand il était malade, j’étais avec lui à l’hôpital. Je ne m’attendais vraiment pas à sa mort. J’avais l’espoir qu’il allait se relever, malgré le diagnostic des médecins. Mais c’est la vie, il faut l’accepter.

A travers les réseaux sociaux, on a découvert une Coumba émotive, taquine en compagnie de ces filles adoptives. Est-ce facile pour une artiste de cultiver et surtout d’entretenir des liens aussi étroits avec ses enfants ? Encore plus si elles sont adoptées ?

Je pense qu’il n’y a pas plus humain que l’artiste. Il a du cœur, il partage ses émotions et est plus à même de donner de l’affection aux autres et à ses proches. J’aime bien les enfants et il se trouve que les miens, sont des filles. Il existe une complicité mère-fille, même si je suis du reste, très exigeante. Parfois, Dior, la plus âgée, me le reproche et me rappelle qu’elle a 17 ans et tout. Je ressens beaucoup de compassion à leur endroit, un amour et un attachement sans faille. Je m’organise toujours pour passer du temps avec elles. En semaine, j’ai un agenda de folie, lorsque j’ai un moment j’en profite pour leur faire plaisir et me faire plaisir aussi. Ne serait-ce que pour marcher un peu, aller à la plage ou en vacances avec elles. Je fais de mon mieux pour être proche d’elles et discuter. Les filles, c’est assez délicat, surtout lorsqu’elles arrivent à l’adolescence. C’est à ce moment-là, qu’il y a des idées noires dans la tête. Le corps change, on se découvre, on se pose des questions. Il est très important de pouvoir leur apporter des réponses ou anticiper même sur ces questions et des choses qu’elles pourraient faire par ignorance. De nos jours, la vie devient de plus en plus compliquée avec l’avènement des réseaux sociaux. Il faut être très regardant dans l’éducation des enfants.

Qu’est-ce qui se cache derrière l’histoire de Coumba Gawlo et ses filles ?
C’est une vraie histoire d’amour. Pour la petite histoire, mon jeune-frère qui me suit a perdu son épouse. Celle-ci est décédée très jeune, à l’âge de 30ans. Sur son lit de mort, elle avait émis le vœu que ce soit moi qui garde ses enfants lorsqu’elle ne serait plus de ce monde. Elle savait qu’elle allait partir et m’a confié cette mission-là. De son vivant, elle a vu comment j’éduque mes enfants et l’affection que je leur porte. Mon jeune-frère a respecté sa dernière volonté. Quoi que l’on dise, ce sont mes enfants. Il se trouve que je m’entendais bien avec elles, quand elles étaient en France. Je les aime comme si elles étaient sorties de mon ventre et elles me le rendent bien. Voilà 8 ans qu’elles sont dans ma vie. Tout cela est une question de destin. Mais ce qui est certain, c’est que je ne pourrais jamais leur faire oublier la perte de leur mère. Je ne peux qu’essayer de leur donner le peu que j’ai.

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