Danger sur la consommation des dattes du Moyen-Orient : C’est une fake news !

À la veille du Ramadan, un message alertait sur les risques liés à la consommation des dattes en provenance du Moyen-Orient à cause du Coronavirus. Largement partagé sur les réseaux sociaux et repris par certains sites d’informations sans vérification préalable. Après un travail de fact-checking, il s’est avéré que c’est une «infox», qui pourtant peut provoquer un manque à gagner auprès de certains producteurs de dattes.


Voir l’article https://www.laviesenegalaise.com/alerte-danger-sur-les-dattes-a-consommer-durant-le-ramadan 

https://www.senegaldirect.net/alerte-danger-sur-les-dattes-a-consommer-durant-le-ramadan/ 

https://koumpeu.com/alerte-danger-sur-les-dattes-a-consommer-durant-le-ramadan/


C’est un message partagé sur WhatsApp, qui a plongé la une partie de la communauté musulmane à la veille du Ramadan dans la peur : «Un collectif de médecins du Moyen Orient porte à la connaissance de l’ensemble de la Communauté musulmane à travers le monde que la prolifération des colonies de chauve-souris cette année 2019, favorise l’expansion du Coronavirus, qui peut s’avérer fatal pour les êtres humains.» Il se termine par des conseils médicaux : «Il est demandé à tout un chacun de bien laver les dattes en provenance des pays producteurs avant de les consommer. Quelle que soit leur condition de conservation. Veuillez à bien laver sinon bien rincer les dattes avant de les consommer surtout en cette période de Pré-Ramadan et de Ramadan.

Partagé à quelques jours du début du jeûne, ce message a suscité des interrogations. Cela nous a motivé à pousser nos recherches et à contacter  certaines autorités afin de procéder à des vérifications et recoupements pour relayer la bonne information auprès des consommateurs. Saisie, la Direction du commerce intérieur nous a renvoyé à la Direction régionale du commerce de Dakar. Ici, notre interlocutrice nous fait savoir que la direction n’est pas au courant d’une telle information. Elle en déduit qu’il s’agit d’une fausse nouvelle. Mais tout laisse à croire qu’il n’y a pas de service de veille et d’alerte dans ces directions.

En effet, nos recherches nous ont permis de découvrir qu’il s’agit d’un canular qui est devenu viral sur les réseaux sociaux. Tout est parti d’une publication anodine sur le forum d’un site marocain yabiladi.com. Dans la rubrique dénommée Forums Santé, psychologie & diététique, Amazigh-rocain [MP] publie en titre : Attention aux dattes du Moyen Orient, il est écrit : «Salam Ouaaliikoum a tous. Un collectif de médecins du Moyen-Orient porte à la connaissance de l’ensemble de la communauté musulmane à travers le monde que la prolifération des colonies de chauve-souris cette année 2019, favorise l’expansion du Coronavirus (provoque des infections digestives et respiratoires) qui peut s’avérer fatal pour les êtres humains. Par conséquent il est demandé à tous de bien laver les dattes en provenance des pays producteurs du Moyen-Orient avant de les consommer, laver ou bien rincer avant de les consommer surtout à jeune pendant le Ramadan et après.  D’après moi et pour plus de sécurité nous devrions consommer les belles dattes du Maghreb (Algérie  Maroc  Tunisie .  Qu’allah nous protège ! Ramadan Moubarek à tous.  SVP : Faites passer ce message à tous vos proches,  à vos amis, vos voisins.»

Même ceux qui se sont intéressés à son message ont exprimé leur doute. Si certains ont demandé à l’auteur de décliner sa source, d’autres ont tout simplement nié la véracité de cette info en indiquant «qu’il y avait eu une histoire comme ça l’an dernier il me semble», écrit une internaute sous le pseudonyme La Pensive. Toujours sur ce même forum, un autre nommé Wakrim écrit : « moi aussi j’ai reçu l’info via WhatsApp». Poursuivant, il ajoute : «… Après vérification, il s’avère que c’est une fake news ».

Le lien qu’il a donné nous a conduits vers un site anglais qui revient sur cette info, qui a circulé sur WhatsApp. Il  confirme que c’est une infox et elle remonte en 2013, date à laquelle elle a été diffusée pour la première fois par SMS en Jordanie et en Égypte, avant d’être diffusée sans vérification par divers organes de presse de la région.

L’article disait: «Les rumeurs ont commencé à circuler récemment à cause d’une mauvaise compréhension d’une étude publiée récemment par une équipe de chercheurs qui ont découvert le virus chez des chauves-souris en Europe et au-delà. Sans lire attentivement cette étude, les habitants du Moyen-Orient pensaient les chauves-souris vivant dans les palmiers de cette région infectaient les dattes», rapporte le site Feed Thelion. Il  faut dire que Amazigh-rocain, l’auteur du poste récemment publié lui-même renvoie les internautes à ce lien du site anglais pour dire que l’information qu’il a donnée n’est pas vrai, qu’il s’agissait d’une fake news (une fausse information), reprise par plusieurs utilisateurs au Sénégal. Selon Arab News, cette information erronée a entraîné «une baisse des ventes» des dattes dans cette région, à l’époque.

Une maladie du Moyen Orient

C’est quoi le Coronavirus ? Quelles sont les causes et les conséquences de cette maladie ? Selon le site doctissimo.fr les coronavirus font partie d’une famille de virus susceptibles d’être à l’origine d’un large éventail de maladies. Chez l’homme, ces maladies vont du rhume banal à des formes graves comme le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Le coronavirus détecté chez le patient hospitalisé à Douai est dit “nouveau coronavirus (NCoV) “ car c’est une nouvelle souche identifiée en 2012. La plupart des cas ont séjourné, avant la survenue de symptômes, dans un des pays de la péninsule arabique ou dans les pays voisins. Cette zone géographique est donc plus particulièrement confrontée à ce risque.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), pour sa part, sur son site ww.who.int, indique que les coronavirus forment une famille comptant un grand nombre de virus qui peuvent provoquer des maladies très diverses chez l’homme, allant du rhume banal au SRAS et qui causent également un certain nombre de maladies chez l’animal.

Coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV)

Selon le site spécialisé dans le domaine de la santé, les personnes souffrant de ce nouveau coronavirus ont présenté les symptômes d’une infection respiratoire aiguë et grave avec fièvre, toux, essoufflement et difficultés respiratoires. Plusieurs patients ont également développé une insuffisance rénale aiguë, ou d’autres atteintes viscérales (péricardites..). La grande majorité des cas a contracté le virus lors d’un voyage dans la péninsule arabique, sans que la source ait été précisément identifiée. Le risque de contamination existe dans deux cas : soit vous avez été en contact avec une personne atteinte, soit vous avez voyagé dans la péninsule arabique et vous présentez dans les jours qui suivent des symptômes respiratoires et de la fièvre. Les symptômes sont traités mais il n’y a pas de traitement spécifique par antiviraux. Malheureusement, à ce jour, il n’existe pas de vaccin pour prévenir contre cette maladie.

Chauve-souris, dattes et dromadaire

Les spécialistes n’ont pas encore réussi à percer le mystère de l’origine du virus. Mais, Rfi.fr renseigne que des pistes évoquent des chauves-souris qui auraient pu contaminer des dattes avec leurs déjections, puis des dromadaires qui à leur tour ont pu contribuer à disséminer le coronavirus.

Premier cas humain identifié : Il s’agit d’un homme originaire du Qatar mort à Jeddah (Arabie saoudite) en juillet 2012, tombé malade après un voyage en Arabie saoudite, et ensuite diagnostiqué (en septembre 2012) mort de ce virus.

La notification de ces cas supplémentaires ne modifie pas l’évaluation globale du risque de MERS par l’OMS. En Mars 2019, l’Organisation Mondiale de la Santé indique sur son site qu’elle s’attend à ce que de nouveaux cas de MERS soient notifiés au Moyen-Orient et à ce que la maladie continue d’être exportée dans d’autres pays par des personnes susceptibles d’avoir contracté l’infection après une exposition à des dromadaires, à des produits dérivés de ces animaux (par exemple la consommation de lait cru de chamelle) ou à des personnes (par exemple dans un établissement de santé). L’OMS continue de surveiller la situation épidémiologique et d’évaluer le risque sur la base des informations les plus récentes.

             Djiby DEM – Etudiant en Journalisme au CESTI 

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