«Le prix d’électricité est élevé au Sénégal…» dixit Cemile Sancak représentante FMI

 Le 10 janvier 2020, le FMI a approuvé un nouvel accord triennal en faveur du Sénégal au titre de l’Instrument de coordination de la politique économique (Icpe). Quels en sont les objectifs principaux ?

Le nouveau programme qui est appuyé par le nouvel accord, l’Instrument de coordination de la politique économique (Icpe), est totalement aligné sur la deuxième phase du Plan Sénégal émergent (Pse) et repose sur la réalisation d’une croissance élevée, durable et inclusive tirée par le secteur privé : la consolidation de la stabilité macroéconomique grâce à une politique budgétaire prudente, notamment en augmentant les recettes et en améliorant l’efficience des dépenses, mais également à une bonne gestion de la dette. Il s’agit aussi d’assurer une bonne gestion du secteur du pétrole et du gaz de manière durable et transparente.

Quelle est la différence par rapport à l’Instrument précédent de soutien à la politique économique (Ispe) ?

Les deux instruments sont similaires en substance. L’instrument de coordination de la politique économique créé en 2017, est un instrument non lié à un financement, comme l’instrument précédent. Les deux instruments sont destinés aux pays ayant une volonté de montrer une politique économique solide et avec une intention de recourir à d’autres sources de financement. La différence est que le nouvel instrument est à la disposition de tous les pays membres du Fmi, tandis que l’ancien est seulement destiné aux pays à faible revenu.

Quels sont les grands programmes et projets du Fmi visant à favoriser, durant les prochaines années, la croissance soutenue et inclusive du Sénégal ?

Pour le Fmi, il est important, pour une mise en œuvre réussie, de rationaliser et regrouper les multiples entités chargées d’initiatives ou de fonds destinés à soutenir le secteur privé. Les réformes appuyées par le programme Icpe pour réaliser une croissance élevée, durable et inclusive, s’articulent autour des objectifs suivants : améliorer le climat des affaires, promouvoir la numérisation des procédures administratives, investir dans la formation de capital humain afin d’accompagner la transformation structurelle et promouvoir l’accès au crédit en vue de renforcer l’inclusion financière. Le Fmi conseille à l’Etat d’opérer des réformes ciblées qui devraient améliorer le climat des affaires et créer des débouchés pour les jeunes.

Quelles sont ces réformes ?

Les réformes ciblées appuyées par le programme Icpe incluent le renforcement du système judiciaire, grâce à la création d’une Cour d’appel pour les affaires commerciales et à la numérisation des procédures du Tribunal commercial, une révision de l’administration du travail dans le but d’attirer davantage de travailleurs dans le secteur formel et de mieux répondre aux besoins des Petites et moyennes entreprises (Pme), en simplifiant les obligations d’enregistrement et de déclaration, la mise en place d’un système de gestion foncière dématérialisé, intégré et centralisé qui simplifiera l’enregistrement et l’administration, une nouvelle loi sur l’investissement destinée à renforcer la transparence pour les investisseurs potentiels. Les réformes incluent également les partenariats public-privé, les régimes incitatifs et soutiens ciblés aux start-ups et la dématérialisation des procédures. Des initiatives visant à améliorer la qualité de l’éducation et de la formation professionnelle, à accroître les opportunités et à réduire la pauvreté compléteront ces réformes. Les autorités examinent comment accroître le taux d’achèvement de l’enseignement secondaire et adopteront une loi sur la formation technique et professionnelle d’ici à juin 2020. Il s’avère que 70% des travailleurs ne sont pas qualifiés, le taux d’alphabétisation est inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne (un peu plus de 40%, contre 60%) et le système de formation professionnelle n’accueille que 7% des élèves qui achèvent l’enseignement de base. Il sera pourtant essentiel, pour une transformation structurelle de l’économie et une croissance plus inclusive, de doter la main-d’œuvre, en particulier les jeunes, des compétences et qualifications nécessaires.

«Au Sénégal, 70 % des travailleurs ne sont pas qualifiés, le taux d’alphabétisation est inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne (un peu plus de 40 %, contre 60 %) et le système de formation professionnelle n’accueille que 7 % des élèves qui achèvent l’enseignement de base»

Le Fmi avait salué les résultats économiques du pays en disant que la mise en œuvre du Pse a permis d’atteindre des taux de croissance élevés, mais malgré cela, le niveau de vie reste élevé au Sénégal et le pouvoir d’achat faible. Qu’est-ce qui l’explique ?

Pour que la majorité de la population ressente l’impact de la croissance économique, il faut une croissance inclusive tirée davantage par le secteur privé, surtout par les Petites et moyennes entreprises (Pme). Leur développement pourrait conduire à la création d’emplois et à l’augmentation des revenus. Il est important de mettre en œuvre les réformes dans le domaine des finances publiques afin d’améliorer la mobilisation des recettes, surtout en renforçant l’administration des recettes et d’accroître l’efficience des dépenses d’investissement pour qu’il y ait assez de ressources pour répondre aux besoins d’investissements dans les infrastructures et le capital humain et prendre en charge le financement des filets de sécurité sociale. Il est également important de mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires pour améliorer l’environnement des affaires afin de favoriser le développement du secteur privé et notamment, les Pme qui jouent un rôle important au Sénégal. L’Icpe a pour objectif de soutenir les efforts déployés par le Sénégal pour consolider la stabilité macroéconomique et favoriser une croissance soutenue et inclusive tirée par le secteur privé.

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