Tirs de missiles, saisie d’un cargo : les tensions montent entre Pyongyang et Washington

La justice américaine a annoncé jeudi avoir saisi un cargo nord-coréen de 17 000 tonnes, le “Wise Honest”, accusé d’avoir violé les sanctions internationales, quelques heures seulement après le tir de deux nouveaux missiles par Pyongyang.

Les annonces se succèdent aux États-Unis et en Corée du Nord. Vendredi 10 mai, Pyongyang a déclaré avoir procédé la veille à un essai de frappe “à longue portée”, faisant encore monter d’un cran la tension avec Washington au lendemain de la saisie par la justice américaine d’un cargo nord-coréen accusé d’avoir violé les sanctions internationales.

La déclaration de Pyongyang contredit des informations de l’armée sud-coréenne, selon qui les armes testées jeudi sont deux missiles à courte portée qui ont parcouru respectivement 270 et 420 kilomètres. Cet essai nord-coréen a eu lieu au moment même où Stephen Biegun, représentant spécial américain pour la Corée du Nord, était en visite à Séoul.

“Le leader suprême Kim Jong-un a pris connaissance d’un plan pour mener un exercice (…) à l’aide de plusieurs moyens de frappe à longue portée, et a donné l’ordre de procéder à l’exercice”, a rapporté l’agence officielle nord-coréenne KCNA, sans préciser le type d’arme testé et se gardant notamment d’employer le mot “missile”.

Jeudi, c’est la justice américaine qui annonçait avoir saisi un cargo nord-coréen, le “Wise Honest”, accusé d’avoir violé les sanctions internationales en exportant du charbon et en important des machines.

Cette saisie inédite d’un navire de 17 000 tonnes – l’un des plus gros cargos nord-coréens, selon les autorités américaines – intervient dans un contexte de dégradation des relations entre Washington et Pyongyang, marquées par un scepticisme croissant depuis le sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un en février au Vietnam qui s’est soldé par un désaccord. Kim Jong-un réclamait une levée des sanctions trop importante aux yeux de Donald Trump en échange d’un début de dénucléarisation jugé trop timide.

Première saisie de ce type

“C’est la première saisie d’un navire de fret pour violation des sanctions internationales”, a déclaré le procureur fédéral de Manhattan, Geoffrey Berman, cité dans un communiqué. Il a accusé Pyongyang d’avoir, en “dissimulant l’origine” du “Wise Honest”, “exporté des tonnes de charbon” et importé des machines lourdes en Corée du Nord.

Le bâtiment avait été bloqué l’an dernier en Indonésie, son capitaine étant poursuivi par les autorités indonésiennes. En juillet, les autorités américaines ont lancé de leur côté la procédure de saisie. “Ce navire antisanctions est désormais hors service”, s’est félicité le vice-ministre américain de la Justice, John Demers. “La Corée du Nord et les entreprises qui l’aident à contourner les sanctions des États-Unis et de l’ONU doivent savoir que nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour appliquer les sanctions internationales.”

Selon Washington, le navire a été utilisé de novembre 2016 à avril 2018 par la Korea Songi Shipping Company, affiliée à la Korea Songi General Trading Corporation. Cette société, dépendante de l’armée nord-coréenne selon Washington, figure depuis juin 2017 sur la liste de l’OFAC, l’agence du Trésor américain chargé des sanctions financières.

Après avoir chargé du charbon en mars 2018 dans le port nord-coréen de Nampo, le navire avait été intercepté début avril : il s’était avéré qu’il n’utilisait pas – et ce depuis août 2017 – le système d’identification obligatoire (Automatic Identification System) – requis pour les bateaux opérant des transports internationaux, selon le procureur américain.

Des moyens sophistiqués pour contourner les sanctions

Pyongyang fait l’objet de multiples sanctions du fait de ses programmes nucléaire et balistique interdits. Parmi ces mesures figurent l’interdiction des exportations nord-coréennes de charbon et autres matières premières, le plafonnement de ses importations de pétrole ou de kérosène, et des restrictions bancaires.

Dans un rapport publié en mars, le groupe d’experts indépendants de l’ONU écrivait que Pyongyang déployait des moyens de plus en plus sophistiqués et variés pour contourner les sanctions. Ils citaient notamment “le déguisement physique de pétroliers”, “l’utilisation de petits vaisseaux non enregistrés, le changement illégal de nom” des bateaux et les transbordements nocturnes de cargo à cargo.

Le ministère des Affaires étrangères à Séoul avait indiqué début avril qu’un bateau sud-coréen soupçonné de violations des sanctions contre la Corée du Nord était bloqué depuis six mois dans un port du sud du pays.

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