TOUBA / LA MOSQUÉE FÊTE SES 87ANS – Quand Serigne Modou Moustapha Mbacké, combattu par le colon et freiné par la crise économique, relevait le défi…

Joyeux anniversaire, sommes-nous tentés de souhaiter à la Grande mosquée de Touba ! Cependant, se limiter à cet aspect de l’événement réduirait à sa simple expression l’immense effort déployé par Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké pour offrir ce joyau à son vénéré père Cheikh Ahmadou Bamba.

Tout est parti d’un ndigël reçu du Cheikh. Cheikh Ahmed Lô Ben Cheikh, connu sous le nom de Makhtar Bineta Niomré enseigne que Cheikh Ahmadou Bamba avait appelé Cheikh Ibrahima Faty, Cheikh Mouhamed Moustapha, Cheikh Balla Thioro, Cheikh Mbacké Bousso et Cheikh Massamba pour leur recommander la construction d’une grande mosquée à Touba. Serigne Modou Moustapha donnera, par la suite, un autre ndigël à l’intention des disciples les invitant à donner en guise d’aadiyah la somme de 28 dirhams. En un temps record, 5 millions de francs allaient être récoltés. Fort de ce capital, Serigne Modou Moustapha Mbacké engagea le processus, envoyant d’abord Cheikh Moulaye Bousso à son père Serigne Mbacké Bousso lui demandant d’écrire au gouverneur de Saint-Louis une demande d’autorisation de construire, mais encore pour lui apprendre que son rôle dans ce projet était de veiller à l’orientation précise de la mosquée vers la Qibla.

Voici in-extenso un extrait de la demande qui avait été écrite.

Diourbel Jumâdâ al-ûlâ 1344H (1925)
« Je vous demande l’autorisation de construire une grande mosquée dans mon terroir natal où mes aïeux ont vu le jour. La raison est que notre religion, l’islam, demande à tout groupe musulman résidant de façon durable sur un lieu d’y construire une grande mosquée où ils pourront célébrer la prière du vendredi.

Ainsi, lorsque j’ai terminé la construction de la grande mosquée de Diourbel, j’ai senti le désir d’en faire autant à Touba, sachant que la mosquée de Touba avait la priorité et que seules les circonstances nous avaient dicté de repousser le délai de sa réalisation. Nous formulons le vœu que vous nous envoyez un constructeur qualifié, apte à nous conseiller, qui ne trompe ni ne dupe. S’il plait à Dieu, il recevra de nous une contre partie complète. Et ce, après votre autorisation dont nous avons espoir, pour ne pas dire dont nous sommes sûrs, car vous nous avez habitués à rehausser l’Islam et à soutenir ses adeptes. Que dure et s’illustre votre gloire. Je compte sur votre opinion juste. Que la paix soit avec ceux qui suivent la droiture.

Celui qui a dicté cette lettre à son rédacteur est Hamed Ben Mouhamed Ben Habiboullah.
Cette expression figure en bas du texte authentique.
(Notons au passage le style diplomatique dans cette lettre qui ne surprend pas quelqu’un qui connaît les circonstances d’une telle époque…)

C’est le mercredi 12 Mai 1926 que l’architecte Thibaudet débarquera à Diourbel avant de s’entretenir avec le guide spirituel pour le démarrage des travaux. Par la suite, le Khalife de Bamba convoquera tous les cheikhs et leur intima l’ordre de ne souffler que pour l’édification de l’édifice. Le Samedi 03 septembre 1926, Cheikh Ibrahima Faty décida de partir de Touba pour Darou Moukhty tout en incitant les disciples Mourides à s’investir. Cheikh Massamba et Serigne Fallou iront à la carrière pour y retrouver une multitude de personnes d’attaque à prendre part aux travaux.

Rappelons que le jour du démarrage de la construction, Cheikh Mouhamadou Moustapha s’était présenté sur les lieux avec beaucoup de guides et de disciples mourides. À l’occasion, il avait accompli une prière de quatre prosternations (rakà) au terme de laquelle il avait levé ses mains vers le ciel implorant le Seigneur. Après quoi, il prit une pierre et la plaça dans le creuset de fondation, prit une truelle par sa main bénie et se mit à bâtir. Il fut suivi par Serigne Massamba, Cheikh Mouhamadou Bachir, puis par les autres. Par la grâce de Dieu et la bénédiction de l’initiateur de l’œuvre, les travaux ont pris fin à la fin de l’année 1382H (1962) par les soins de Cheikh Mouhamadou Fadel (Serigne Fallou), dans les meilleures conditions. Et le 14 Mouharram 1383H (07/06/1963), la première prière de vendredi y fut célébrée.

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