Une semaine après l’explosion au port de Beyrouth, les Libanais rendent hommage aux victimes et demandent des comptes

A 18 h 08 mardi 11 août, les cloches des églises ont retenti et les mosquées ont lancé simultanément l’appel à la prière à Beyrouth, à l’heure exacte à laquelle l’explosion du port ravageait la capitale libanaise le 4 août.

Selon un nouveau bilan du ministère de la santé, la déflagration a fait 171 morts et plus de 6 000 blessés, près de 300 000 sans-abri et provoqué un séisme politique qui a déjà entraîné la chute du gouvernement lundi.

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A l’entrée du port, plusieurs centaines de personnes, pour la plupart vêtues de blanc, se sont rassemblées mardi, certaines venues de Gemmayzé, un quartier tout proche dévasté par l’explosion.

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— mgdowney (@Michael Downey)

« Tous, ça veut dire tous »
Brandissant des pancartes affichant chacune le nom d’une victime, sa nationalité et un cèdre vert, emblème du Liban, elles se sont mises au garde-à-vous à l’heure exacte à laquelle s’est produite l’explosion qui a soufflé des quartiers entiers. Certains pleuraient, d’autres retenaient à grand-peine leurs larmes.
Des images de l’explosion et de scènes de panique suscitées dans les quartiers proches du port, transformés en champs de ruines chancelantes, étaient diffusées sur un écran géant. « Nous ne ferons pas notre deuil, nous ne porterons pas le noir avant d’avoir enterré le pouvoir », a lancé l’un des orateurs.

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Une autre égrainait l’interminable liste des noms des victimes, qui défilaient aussi sur l’écran. « Tous, ça veut dire tous », scandait-on parmi les centaines de personnes venues rendre hommage aux victimes, pour réclamer le départ de la classe politique qu’elles rendent responsable du drame.

Depuis l’automne 2019, le pays était déjà en proie à un soulèvement populaire inédit, qui avait vu des centaines de milliers de Libanais manifester pour dénoncer des difficultés économiques qui n’ont fait qu’empirer, et l’intégralité d’une classe politique quasi inchangée depuis des décennies, accusée de corruption et d’incompétence.

Pour apaiser la rue après l’explosion, la catastrophe de trop pour une nation en crise, le gouvernement Hassan Diab a présenté lundi sa démission. Mais une semaine jour pour jour après la tragédie, les Libanais exigent de voir les responsables du drame traduits en justice, réclamant des comptes pour la négligence de l’Etat.

A l’origine de la gigantesque explosion le 4 août : un incendie dans un entrepôt où étaient stockées 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium depuis six ans, une substance chimique dangereuse sans « mesures de précaution » de l’aveu même de M. Diab. La déflagration a rasé le port. Et dans un pays depuis plusieurs mois en état de naufrage économique, la tragédie fait craindre l’insécurité alimentaire.

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Le Monde avec AFP

via LeMonde

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